La malpropreté urinaire chez le chat
Malpropreté urinaire liée à un trouble du développement
La malpropreté urinaire chez le chat fait parfois suite à un événement survenu au cours de ses premiers mois de vie.
Événement ne lui ayant pas permis de suivre un développement tout à fait normal.
Ce type de malpropreté concerne, le plus souvent, des chatons adoptés très jeunes (chaton dont la mère est décédée et élévés au biberon, chatons sevrés et séparés de leur mère trop rapidement et qui n’ont pas pu terminer leur éducation auprès d’elle…)
Il peut ne résulter que d’un simple défaut d’apprentissage mais peut également être associé à un trouble du développement plus ennuyeux comme dans le syndrome du chat “hypersensible-hyperactif”. D’autres symptômes révélateurs de ce trouble sont alors systématiquement présents en plus de la malpropreté.
Trouble de l’apprentissage
Un chaton est généralement propre dès l’âge de trois semaines
Il le devient par imitation de sa mère : il apprend tout naturellement comme elle à faire ses besoins loin de son aire de repos et de l’endroit où il prend ses repas.
Cet apprentissage par imitation ne peut pas avoir lieu si le chaton
A été élevé dans un espace très restreint ou très sale ou sans litière qui ne lui a pas permis de définir des lieux bien distincts pour le sommeil, l’alimentation, faire ses besoins…
A été séparé très jeune de sa mère pour une raison quelconque
A été élevé par une mère qui présentait elle-même des troubles de malpropreté
Il est alors assez difficile, par la suite, d’apprendre à ces chatons à faire leurs besoins dans une litière.
La prévention de ces troubles de l’apprentissage peut se faire en adoptant des chatons de deux mois minimum, élevés par une chatte elle-même propre.
Lorsqu’il s’agit d’un jeune chat orphelin ou élevé dans un milieu inadapté :
La distribution de récompenses (alimentaires, caresses) quand le chat a accepté de faire dans la litière peut le motiver à faire toujours à cet endroit
Un chat adulte propre et parfaitement équilibré placé en sa compagnie pourra assurer l’apprentissage par imitation qui n’a pas pu avoir lieu avec la maman (ce chat adulte peut tout aussi bien être un mâle qu’une femelle)
Le Syndrome Hypersensibilité/hyperactivité
Définition
Le seuil de réaction à un stimulus s’établit au cours du développement de l’animal dans les trois premiers mois de sa vie.
Ce seuil de réaction dépend directement des conditions dans lesquelles le chaton est élevé.
Un chat éduqué dans des conditions idéales apprend, auprès de sa mère, à répondre “normalement” à un stimulus donné et à se contrôler (notamment au cours des jeux ou lors de contacts…)
Quand le chaton
N’a pas été élevé au contact de sa mère (chaton adopté avant 2 mois, biberonné…)
A grandi dans un milieu très peu stimulant ou au contraire hyperstimulant durant ses premières semaines
A eu une mère qui présentait elle-même des troubles du comportement;
il peut développer un syndrome dit “d’hypersensibilité/hyperactivité”
Symptômes
Le syndrome “Hs/Ha” est caractérisé par de nombreux symptômes et la malpropreté est loin d’être la seule anomalie comportementale rencontrée chez un animal qui en souffre.
Ce chaton est excessif en tout.
Il s’agit d’un animal
son comportement moteur est exacerbé.
ll bouge tout le temps, grimpe partout, renverse tous les objets placés sur les meubles, dans les étagères, dort mal la nuit…Son excitation est très souvent encore plus marquée en soirée où il semble pris de véritables “crises de folie”.
Il est incapable de se contrôler dans le jeu : il ne sait pas jouer sans griffer ou mordre. Les blessures qu’il inflige ne sont en rien volontaires mais résultent de son incapacité à se maîtriser lorsqu’il monte en excitation…
Il tolère très mal toute contrainte : il ne supporte pas qu’on le prenne à bras, qu’on le brosse ou encore qu’on lui administre des médicaments…
Il sort ses griffes, hurle, et cherche à mordre dès qu’on le manipule.
Il peut également souffrir d’un manque de contrôle alimentaire : il vole alors régulièrement de la nourriture et peut avaler des corps étrangers.
Il sursaute au moindre petit bruit
Il a besoin d’une présence pour se rassurer et suit son maître partout, tout le temps.
Il s’agit d’un animal particulièrement anxieux : cette anxiété peut être mise en évidence par :
de la malpropreté (le chat urine ailleurs que dans sa litière à la moindre contrariété),
ou encore un toilettage excessif, le chat se léchant avec insistance en permanence.
En réponse à ces comportements anormaux (en particulier face à l’agressivité de ces chats et la malpropreté qu’ils présentent fréquemment), ces animaux sont très souvent mal intégrés dans la famille, rejetés…
Ce rejet accroît leur anxiété et un véritable cercle vicieux s’instaure alors : le chat urine car il est anxieux, il est puni, ces punitions augmentent son anxiété et donc la malpropreté…
Traitement
Le traitement implique d’importantes modifications visant à apaiser l’animal
Toute punition doit être absolument proscrite : elle ne fait qu’accroître le stress du chat et donc la malpropreté (éviter de crier, prendre le chat par la peau du cou ou de le mettre de force dans la litière, ce qui n’aura pour seul effet que de le dégoûter de cet endroit)
Le milieu de vie de l’animal sera enrichi au maximum : différents jeux de chasse et d’exploration (arbre à chat, souris, balle, mobiles, amas de cartons ou autres cachettes…) lui seront proposés. Ces jeux seront régulièrement changés en effectuant un roulement pour éviter que le chat ne s’en lasse.
La nourriture doit être accessible toute la journée afin d’éviter tout stress supplémentaire lié à l’alimentation.
Si le chat est en surpoids, des jeux libérant progressivement des croquettes seront proposés (ceux-ci lui permettent de manger lentement sa ration quotidienne et constituent une activité ludique qui lui permet d’avoir accès à la nourriture toute la journée)
Thérapie par le jeu contrôlé : toute phase de jeu doit être interrompue quand le chat monte en excitation (battements saccadés de la queue, dilatation marquée des pupilles du chat …)
En plus des modifications de l’environnement, l’emploi de phéromones et de compléments alimentaires aux propriétés apaisantes peut aider à diminuer l’anxiété du chat hypersensible/hyperactif
Enfin, votre vétérinaire pourra ajouter à ces changements environnementaux un traitement médical permettant de diminuer l’anxiété du chat, l’aider à acquérir un certain contrôle dans le jeu et calmer les agressions.
Un chat n’ayant pas bénéficié d’une éducation par un chat adulte équilibré au cours de ses 2 premiers mois de vie peut présenter d’importants troubles comportementaux par la suite.
Ces troubles (agressivité, intolérance au contact, malpropreté, griffures et morsures lors des jeux…) sont d’autant plus difficiles à comprendre et à accepter par les propriétaires qu’il s’agit notamment de petits chats élevés au biberon, “petits êtres fragiles” à qui ils ont consacré énormément de leur temps…
Il n’est pas “normal” qu’un chat vous griffe ou vous morde violemment quand il joue, qu’il refuse de se laisser toucher, ni qu’il urine partout en permanence.
Ces troubles doivent rapidement être rapportés à votre vétérinaire pour qu’il cherche avec vous des solutions et essaie d’éviter une rapide dégradation des relations que vous entretenez avec votre animal.
Malpropreté urinaire liée à l’environnement du chat
Le chat est une espèce dite territoriale
Il accorde une énorme importance à son milieu de vie qu’il va séparer en diverses zones: une aire de jeux, une aire d’isolement (où l’animal doit pouvoir rester au calme, éviter tout contact), une aire dédiée à ses repas ou encore une aire d’élimination où il fera ses besoins.
Toute modification, tout élément que le chat va considérer comme perturbateur dans “son espace” va énormément le contrarier et pouvoir déclencher l’apparition de malpropreté.
Malpropreté associée à un problème avec la litière
Dans certains cas, la litière proposée ne convient pas au chat et il refuse d’y faire ses besoins.
Il peut ne pas apprécier :
Le bac a litière (certains chats détestent, par exemple, les bacs à litière fermés, peu aérés, dans lesquels l’odeur d’ammoniac est beaucoup plus forte)
Le substrat qui s’y trouve (éviter les substrats parfumés peu appréciés par certains animaux)
La localisation de la litière : les chats n’aiment pas faire leurs besoins dans un endroit trop proche de leur lieu de repos et du lieu de leurs repas.
De même, ils redoutent souvent les endroits trop bruyants ou passants (on évitera par exemple la proximité d’une machine à laver…)
Enfin, la litière doit être accessible en permanence (ne pas choisir une pièce dont les portes sont fermées une partie de la journée)
Le manque de propreté : certains animaux ne restent propres que si leur litière est changée très fréquemment.
Les soucis de malpropreté pourront alors être résolus par un changement du substrat ou du bac de litière, une hygiène rigoureuse ou une réorganisation de l’espace en plaçant le bac dans un endroit calme, peu passant, à distance du panier et de la gamelle (dans les surfaces très restreintes, des espaces en hauteur pourront être aménagés afin de bien séparer ces différents éléments)
Malpropreté liée à une aversion pour la litière
Parfois, un chat parfaitement propre jusqu’alors, semble subitement ne plus vouloir faire dans sa litière.
Une cause bien précise, un événement qui aurait pu perturber le chat doivent être recherchés.
Divers traumatismes peuvent intervenir alors que le chat urine et l’inciter à éviter à tout prix la litière par peur de voir cet événement se reproduire :
Bruit violent (porte qui claque, explosion…)
Agression par un autre animal (chien, autre chat de la maison…)
Enfants très bruyants venus le perturber pendant qu’il faisait ses besoins
Douleur (un chat ayant souffert d’une cystite peut associer le bac de litière à la douleur ressentie en urinant et ne plus vouloir y retourner)
Punition (il est parfois tentant lorsque le chat a fait ses besoins hors de la litière de l’emmener de force au bac pour lui montrer “où il doit faire”. En réalité, le chat comprend juste que lorsqu’il est puni, on le place dans sa litière, d’où sa volonté de ne plus y aller…)
Pour essayer de faire disparaître cette aversion récente pour la litière, de petites modifications seront réalisées
Un nouveau bac ainsi qu’une nouvelle localisation pourront permettre de faire disparaître cette phobie de la litière.
La litière sera, là encore, placée dans un endroit très calme, caché et inaccessible aux jeunes enfants s’ils sont à l’origine du problème.
Les punitions seront arrêtées (elles ne font qu’augmenter l’angoisse du chat et sa malpropreté)
Malpropreté associée à un changement d’environnement
Comme nous l’avons évoqué précédemment, le chat est très attaché à ses habitudes, à son territoire et toute modification de “son espace” peut le perturber.
Il peut alors chercher à se rassurer en réapposant ses marques en divers endroits de l’habitation, notamment par du marquage urinaire
(voir article intitulé “Quelle différence entre élimination et marquage urinaire ?”)
Une “anxiété de déterritorialisation” peut survenir suite à toute perturbation de l’organisation du territoire du chat :
Après des travaux de réfection,
Après un simple réaménagement de l’espace avec changement de place des meubles (certains chats présentent parfois de la malpropreté suite au déplacement d’un seul meuble!)
D’autres signes sont alors souvent associés à la malpropreté
Le chat fait de grandes marques de griffade sur les murs ou le mobilier et son marquage facial est modifié (il ne se frotte plus sur les meubles de l’habitation comme il le faisait jusqu’alors ou, au contraire, passe son temps à se frotter partout)
Ces changements de comportement révèlent le “mal-être” du chat
Ce type de malpropreté peut être prévenu par l’utilisation de phéromones d’apaisement appliquées dans la nouvelle habitation quelques jours avant un déménagement :
Les phéromones faciales sont des substances chimiques émises par le chat pour se repérer et communiquer avec ses congénères.
Il dépose ces substances en se frottant les joues sur les divers objets de son environnement. Les surfaces ainsi « marquées » deviennent familières et apaisantes pour l’animal.
Ces phéromones ont été reproduites artificiellement et peuvent être employées sous forme de spray ou de diffuseur afin d’aider à diminuer l’anxiété du chat face à toute situation stressante pour lui (demandez conseil à votre vétérinaire)
Ces mêmes phéromones pourront être employées pour traiter un marquage urinaire apparu après des travaux.
Des compléments alimentaires aux propriétés apaisantes peuvent également être proposés (L-Théanine ou Hydrolysat trypsique d’αS1-caséine). Ils sont faciles à administrer (poudre ou comprimés appétents), n’ont aucun effet secondaire et n’entraînent aucune sédation.
Malpropreté liée à l’arrivée d’un nouvel habitant
L’arrivée d’un nouveau venu peut, tout autant qu’un déménagement ou une réorganisation de l’espace, constituer un élément venant perturber les “petites habitudes” du chat et faire naître chez lui une grande anxiété et l’apparition de malpropreté…
Le nouvel habitant peut aussi bien être un humain (par exemple un ou une petit(e) ami(e) venu(e) emménager à la maison…), qu’un autre animal (chien, chat)
Ainsi, un maître qui vient d’adopter un second chat pour éviter que son premier animal ne s’ennuie peut être très surpris de voir son chat se mettre à uriner n’importe où.
En réalité, celui-ci est parfois beaucoup plus perturbé que ravi de l’arrivée de ce nouveau venu qui va l’obliger à partager et donc réorganiser tout son territoire.
On parle alors “d’anxiété de cohabitation”
Ces troubles de cohabitation peuvent même apparaître chez des chats ayant jusqu’alors vécu ensemble sans problème suite à un changement (par exemple à la puberté d’un des deux chats, après une maternité, au retour d’une fugue d’un des deux animaux…)
Généralement, à l’arrivée du nouveau chat, les deux animaux “se découvrent “de façon relativement violente: ils crient, feulent, cherchent à impressionner l’autre…
Ces agressions disparaissent si les animaux parviennent à se répartir le territoire.
Lorsque cette répartition n’a pas pu être réalisée correctement, les agressions se poursuivent, devenant de plus en plus violentes et sont provoquées par chaque intrusion d’un chat dans un territoire “non attribué”.
Un des deux animaux dit “actif” agresse en permanence le second chat dit “passif”.
Dans les stades les plus avancés de conflit, le chat actif est obsédé par le second chat, surveillant le moindre de ses mouvements. Ce dernier vit alors reclus sous un lit ou un meuble, n’osant plus bouger.
La malpropreté peut alors concerner les deux chats
le chat passif n’ose même plus aller jusqu’à la litière de peur d’être agressé,
tandis que le chat actif, complètement obnubilé, développe une grande anxiété responsable de marquage urinaire et d’élimination dans des lieux inappropriés.
Pour éviter toute malpropreté liée à une anxiété de cohabitation, il convient de:
Ne pas intervenir lors des agressions des premiers jours.
Il est très tentant d’essayer d’attribuer à chaque chat un espace précis et de les séparer pour limiter les “bagarres”. Or la séparation des deux animaux va les empêcher de se répartir correctement l’espace et aggraver de façon très importante les agressions.
Il convient , au contraire, de les laisser faire, tout en leur laissant un maximum de place disponible (en évitant de fermer les portes)
L’emploi de phéromones dites de familiarisation et d’apaisement pourra aider à calmer l’anxiété des chats associée à cette nouvelle situation, tout comme l’administration de compléments alimentaires aux propriétés apaisantes
Il faut, par ailleurs, proposer une litière à chaque chat (voire une litière de plus que le nombre de chats) et disposer ces bacs dans des endroits très variés pour aider chaque animal à s’attribuer une aire d’élimination.
Lorsque les agressions ont déjà pris beaucoup plus d’ampleur, seule la mise en place d’un traitement médicamenteux pourra calmer les angoisses de chacun des animaux et faire disparaître, non seulement, la malpropreté mais également tous les autres signes d’anxiété des deux chats (agressions vis-à-vis de l’autre animal, agressions envers les propriétaires, troubles alimentaires, léchage incessant…)
Votre vétérinaire envisagera avec vous le meilleur traitement possible en fonction des signes observés (des molécules telles que la sélégiline ou la clomipramine pourront notamment être utilisées)
Malpropreté et état dépressif
Lorsqu’une vive anxiété, survenue suite à une modification du milieu de vie du chat, n’est pas repérée suffisamment tôt, elle peut évoluer vers un état dépressif :
Le chat devient indifférent à tout ce qui l’entoure, il souffre de troubles du sommeil, développe une anorexie ou à l’inverse une boulimie, il peut se mettre à miauler sans raisons, passe tout son temps à se toiletter…
A ces nombreux symptômes peut s’ajouter de la malpropreté : le chat se met à faire ses besoins n’importe où. Dans les cas de graves dépressions chroniques, il est si déprimé, démotivé, qu’il ne va plus jusqu’à la litière et fait là où il se trouve ou même à l’endroit où il dort.
Un traitement médicamenteux devra, là encore, être mis en place par votre vétérinaire.
L’utilisation de phéromones et de compléments alimentaires pourra améliorer les troubles dépressifs, tout comme l’instauration de temps de jeux du chat avec son propriétaire (mise en place de jeux de chasse (mobiles, jouets en forme de souris…) et de jeux d’exploration (cartons percés, sacs papier et toutes sortes de cachettes)) pour le stimuler au maximum.
À éviter…
Face à un problème de malpropreté, quelle qu’en soit l’origine, il faut éviter :
De nettoyer les souillures avec de l’eau de javel ou un produit ammoniaqué :
le chat adore ces odeurs et cela va l’inciter à refaire au même endroit.
Ces produits nettoyants seront par contre utilisés pour le nettoyage de la litière afin de la rendre plus attractive
De laisser toute marque olfactive ou visuelle à l’endroit souillé (ces marques incitent, là encore, le chat à uriner à nouveau à cet endroit) :
Un nettoyage des spots urinaires avec de l’eau gazeuse (type Perrier) et du vinaigre d’alcool blanc dilué permet de bien supprimer les odeurs d’urine.
De garder attrayant un nouveau lieu choisi par le chat pour y faire ses urines.
Si le chat a pris pour habitude de faire à un endroit bien particulier, il faut tenter de rendre cet endroit très désagréable :
par exemple des feuilles de papier plastifiées,d’aluminium ou des couvertures de survie pourront être placées sur les couettes ou les tapis (le chat les trouvera alors nettement moins moelleux et se mouillera les pattes s’il urine dessus, ce qu’il n’apprécie pas du tout!)
De l’eau pourra être placée au fond de la baignoire ou du bac de douche, afin d’éviter que le chat n’aille y uriner…
Toute punition du chat doit absolument être proscrite car elle ne fait qu’accroître son stress et par conséquent sa malpropreté. Un véritable cercle vicieux s’instaure alors avec une dégradation très rapide des relations entre l’animal et ses propriétaires.
La malpropreté chez le chat est très souvent associée à une perturbation de son environnement et fréquemment provoquée par un état anxieux.
N’hésitez pas à rapporter à votre vétérinaire tout problème de malpropreté survenu récemment chez votre animal en lui précisant bien les circonstances d’apparition de ces “accidents”. En effet, plus la prise en charge de ce type de trouble est tardive, plus les événements ayant pu déclencher la malpropreté seront difficiles à se remémorer et le pronostic réservé.
Malpropreté associée à une pathologie urinaire chez le chat
Un chat qui urine en-dehors de sa litière ne le fait pas forcément pour “ennuyer” ses maîtres” ou “se venger” de quoi que ce soit.
En effet, certaines circonstances particulières, comme une vive douleur que peut ressentir le chat à chaque fois qu’il essaie d’uriner, peuvent l’inciter à faire ailleurs que dans la litière, lieu que l’animal aura rapidement associé à sa souffrance.
Plusieurs types de troubles urinaires peuvent déclencher de vives douleurs à la miction, parmi lesquels les cystites, les calculs ou encore les tumeurs de l’appareil urinaire.
Cristaux et calculs urinaires
Circonstances d’apparition et symptômes
Chez le chat, une modification du pH des urines peut provoquer l’apparition de cristaux urinaires :
Par exemple, des cristaux de struvites pourront se développer en milieu basique tandis que des urines trop acides pourront donner naissance à des cristaux de cystine.
Ces cristaux peuvent ensuite s’agglomérer et former des calculs. Ces derniers vont provoquer une importante inflammation de la vessie (ou cystite) et une irritation des voies urinaires.
Toute émission d’urine devient alors particulièrement douloureuse : le chat miaule, se plaint, il émet très fréquemment de très petites quantités d’urines souvent rougies par du sang.
L’animal associe très rapidement sa douleur avec le fait d’aller à la litière et va développer une véritable aversion pour elle, essayant alors d’uriner ailleurs (urines retrouvées dans le lavabo, la baignoire…)
Chez le chat mâle, la présence de ces cristaux et calculs peut même engendrer une véritable obstruction des voies urinaires :
En effet, chez le mâle, l’urètre (conduit qui permet le passage des urines de la vessie vers le milieu extérieur) a un diamètre extrêmement petit. Un calcul urinaire ou de très nombreux cristaux regroupés en une sorte de “sable” vont pouvoir facilement venir “boucher “ cet étroit passage.
Les urines s’accumulent alors dans la vessie qui devient énorme puis remontent jusqu’aux reins, déclenchant une grave insuffisance rénale. Le chat arrête de se nourrir, il semble particulièrement abattu et peut présenter des vomisements ainsi que de graves troubles cardiaques. Si aucune mesure n’est prise, l’insuffisance rénale et ses conséquences peuvent entraîner la mort du chat en seulement quelques jours!
Votre vétérinaire doit rapidement être mis au courant de tout trouble, toute malpropreté urinaire afin qu’il exclut la présence de calculs urinaires ou mette au contraire en place un traitement adapté le plus rapidement possible si des calculs sont décelés.
Diagnostic
Plusieurs examens sont nécessaires à la mise en évidence de cristaux ou de calculs urinaires :
La palpation de la vessie par le vétérinaire permet parfois de révéler une douleur ou de déceler une vessie anormalement grosse (globe vésical) dans les cas d’obstruction des voies urinaires
Une bandelette urinaire peut mettre en évidence la présence de sang dans les urines ainsi qu’un pH inadapté
Un Examen Cytobactériologique des urines révèle la présence des cristaux
La plupart des calculs urinaires (struvites, oxalate de calcium, phosphate de calcium) peuvent être mis en évidence sur une radiographie.
D’autres, non radioopaques vont nécessiter la réalisation soit d’une radiographie après injection d’un produit de contraste, soit d’un examen échographique.
L’échographie permet , non seulement, de visualiser les calculs vésicaux mais également des cristaux présents en grande quantité formant une sorte de “sable” dans la vessie.
Traitement
Si des cristaux ont été décelés dans les urines de votre chat, le vétérinaire vous proposera une alimentation adaptée permettant :
Soit de dissoudre les cristaux présents dans le cas des struvites,
Soit d’empêcher la formation de cristaux supplémentaires pour les autres types de cristaux.
Les aliments distribués auront en effet pour but de maintenir les urines à un pH bien précis, défavorable à la formation de tous types de cristaux et calculs.
Cette alimentation adaptée peut, par ailleurs, être distribuée sous forme humide (pâtées ou sachets fraîcheur) afin de diluer davantage les urines et ainsi favoriser l’élimination des cristaux et diminuer leur formation.
Si des calculs de grande taille ont été mis en évidence, une chirurgie sera souvent nécessaire. Elle consiste à ouvrir la vessie, en retirer les calculs et à en réaliser un rinçage méticuleux afin d’éliminer les calculs de petite taille et les cristaux qu’elle peut contenir.
L’obstruction urinaire constitue une véritable urgence : le chat doit être “débouché” le plus rapidement possible afin d’éviter l’installation d’une grave insuffisance rénale et de toutes ses conséquences.
Pour ce faire, le vétérinaire va introduire une petite sonde dans les voies urinaires du chat “bouché” en essayant de repousser le calcul ou le “sable” obstruant le pénis. Cette sonde est ensuite maintenue en place, parfois pendant plusieurs jours, jusqu’à ce que l’inflammation des voies urinaires diminue et que l’urètre devienne à nouveau perméable.
Là encore, une alimentation adaptée devra être mise en place pour éviter tout risque de récidive.
Une seconde chirurgie sera réalisée lorsque l’animal aura retrouvé un bon état général pour extraire les calculs éventuellement présents dans la vessie.
Tumeurs de l’appareil urinaire
Certaines tumeurs vont pouvoir engendrer les mêmes symptômes que ceux rencontrés en présence de calculs urinaires
le chat se met à uriner beaucoup plus souvent, semble éprouver des difficultés à faire, et peut se plaindre lorsqu’il urine.
Là encore, du sang peut être retrouvé dans les urines et le chat, qui a mal chaque fois qu’il va à la litière, peut ne plus oser y aller et faire ailleurs.
Une incontinence urinaire pourra éventuellement s’ajouter à ces symptômes.
Ces troubles vont apparaître notamment en présence d’une tumeur de la vessie ou d’une tumeur de l’urètre (conduit qui permet l’évacuation des urines contenues dans la vessie vers l’extérieur).
Ces tumeurs pourront être mises en évidence par des examens d’imagerie médicale comme l’échographie ou un examen appelé urographie (un produit opaque aux rayons X est injecté à l’animal et permet de mettre en évidence sur une radiographie des anomalies des voies urinaires)
Cystites infectieuses – Cystites idiopathiques
Les inflammations de la vessie ou cystites ne sont pas forcément secondaires à la présence de calculs vésicaux.
Elles peuvent également résulter d’une infection bactérienne ou être idiopathiques (c’est-à-dire qu’aucune cause bien précise ne permet de comprendre l’origine de l’inflammation).
Les cystites infectieuses
Origine
Certaines cystites sont liées à la présence d’une infection bactérienne. Elles sont beaucoup moins fréquentes que les inflammations liées à la présence de cristaux ou de calculs urinaires.
Ces infections sont très souvent secondaires à une autre pathologie
malformation congénitale : une anomalie anatomique peut favoriser l’entrée de germes dans la vessie.
extension d’une infection de l’appareil génital
problème d’incontinence urinaire ou de vessie atone (les muscles vésicaux n’assurent alors plus une vidange complète de la vessie et les urines qui y stagnent favorisent l’apparition d’infections)
secondaire à une maladie générale comme le diabète (cette pathologie modifie la composition des urines et favorise la multiplication de bactéries dans la vessie), ou encore l’hyperthyroïdie
Diagnostic
Une bandelette urinaire révèle des anomalies telles que la présence de sang ou de protéines dans les urines.
Des urines seront collectées afin de réaliser un examen cyto-bactériologique permettant la mise en évidence des bactéries. Cet examen est utile, non seulement, pour connaître la bactérie responsable de l’infection, mais également les antibiotiques efficaces pour la traiter.
Enfin, face à des cystites bactériennes chroniques, des examens complémentaires (radiographies, échographies, tests sanguins) pourront être proposés pour rechercher une cause favorisante de ces infections (tumeur, diabète, malformation de l’appareil urinaire…)
Traitement
Le traitement des cystites infectieuses repose sur l’administration d’antibiotiques.
Lorsque les cystites sont fréquentes, l’examen cyto-bactériologique des urines permet la mise en évidence des bactéries en cause et donc une adaptation précise du traitement.
Votre vétérinaire vous prescrira, par ailleurs, un médicament visant à réduire les spasmes et donc à réduire la douleur ressentie par l’animal lorsqu’il urine.
Les cystites idiopathiques
Certaines cystites appelées cystites idiopathiques ne semblent s’expliquer par aucune des causes évoquées précédemment
Les examens radiographiques et échographiques ne révèlent aucune anomalie (absence de tumeur, absence de calcul) et l’examen des urines ne permet de déceler ni cristaux, ni bactéries. Seule une irritation de la paroi de la vessie peut parfois être mise en évidence.
Cependant, le chat présente tous les signes d’une cystite avec des plaintes, des douleurs lors des mictions, du sang dans les urines et peut parfois même devenir totalement incapable d’uriner, comme dans les cas de globes vésicaux associés à des calculs urinaires.
Dans ces cas de cystites idiopathiques, des signes d’anxiété et de stress doivent être recherchés chez le chat.
En effet, il semble que la fréquence de ces cystites diminue chez certains animaux grâce à la mise en place de traitements employés dans les troubles anxieux tels qu’un enrichissement du milieu de vie, une réorganisation de l’espace ou encore un changement du mode de distribution des aliments…
Votre vétérinaire recherchera alors si d’autres signes d’anxiété sont présents chez votre animal (boulimie, diarrhées chroniques, léchage intensif, agressivité dans certaines situations ou à certains moments de la journée…) et tentera, si c’est le cas, de déterminer avec vous l’origine de ce stress.
(voir article :”Malpropreté urinaire liée à l’environnement du chat”)
Maladies responsables d’une augmentation de la prise de boisson
Certaines pathologies comme le diabète sucré, l’insuffisance rénale, une infection utérine, l’hyperthyroïdie ou encore un trouble hépatique sont associées à une nette augmentation de la prise de boisson.
Dans ce cas, la malpropreté n’est pas liée à une aversion pour la litière mais à l’importante augmentation de la quantité d’urines émises : la litière du chat est alors très vite saturée d’urines et le chat fait ailleurs.
Si vous constatez une augmentation de la quantité d’eau consommée par votre animal, parlez-en à votre vétérinaire pour qu’il puisse rechercher la présence d’une de ces maladies.
L’apparition de malpropreté chez le chat peut être liée à diverses maladies parfois très douloureuses.
Il convient d’évoquer rapidement ces troubles urinaires avec votre vétérinaire :
en effet, si une solution permettant de faire disparaître la douleur du chat lorsqu’il urine n’est pas vite mise en place, la répulsion pour la litière peut persister dans le temps et réapprendre au chat à faire dans une litière sera alors extrêmement difficile.